Mots imposés :
Collerette – étourneau – jarretelle – printemps – soupir – estuaire – panique - planche Brève idylle
Ils se sont rencontrés au collège Paul Valery, lors de la réunion préparatoire à la rentrée. Sébastien y enseigne les math et Léopoldine, l’histoire de l’art. La passion les a unis dans la froidure hivernale. Lui, ému par la fantaisie de la jeune femme, et elle, séduite par sa force et sa droiture.
Comme deux
étourneaux grisés par les promesses du
printemps, ils se sont unis devant leurs amis en une belle noce campagnarde, sans plus réfléchir, parce que la passion leur promettait l’éternité. Parce que festoyer leur semblait plaisant et de bonne augure.
J’en ai été témoin.
L’été fut beau et leur amour se gava de soleil et de liberté, se répandit en
soupirs et en étreintes dans la plénitude d’une saison estivale, si propice aux enseignants.
J’y étais aussi.
Mais l’automne arriva et la vie commune, transformée par le quotidien, ne se déroula pas comme rêvée. La fantaisie de Léopoldine s’avéra être désordre aux yeux de son époux, la droiture de Sébastien devint rigidité pour son épouse.
J’ai assisté à leurs premières disputes.
Aux vacances de la Toussaint, pour faire un break, nous sommes donc parties, elle et moi, faire la « tournée des peintres ». Giverny, Honfleur, Le Havre… Personnellement je m’en fiche bien, surtout que Léo me relègue, à chaque visite, sur le siège arrière de la voiture, sous prétexte que je suis indésirable. Finalement, pour se faire pardonner, Léo m’a offert une grande balade dans la réserve naturelle de l’
estuaire de la Seine. Superbe : plein d’oiseaux après lesquels courir, de la boue dans laquelle me rouler ! Et puis ça a été la cata : en batifolant, je me suis blessée sur une
planche pourrie hérissée de clous rouillés…
Je saigne je gémis.
Panique ! Véto, soins, bandage et
collerette. Je déteste cet odieux instrument qui m’empêche de mordiller là où ça gratte.
Vous n’allez pas le croire : de retour à Paris, Léo m’a passé sa
jarretelle de mariée autour du cou, surement histoire de provoquer Seb. Je suis ridicule, humiliée, frustrée et ça me gratte !
- « Maya cesse de t’agiter. »
- « Laisse cette chienne tranquille, ce n’est pas drôle pour elle. »
- « On devrait la laisser dans le garage, elle sème le désordre dans la maison. »
- « Pas question, elle serait malheureuse.»
Et voilà, ça recommence. Mais je vous avoue que je me moque de ce que deviendra leur union. Je veux qu’on m’enlève cette collerette !
Elisabeth D. mercredi 28 février 2018