Elisabeth D
Messages : 15 Date d'inscription : 30/11/2018
| Sujet: Légende Dim 23 Déc - 10:04 | |
| Phrase imposée : "Se redressant subitement, le poil hérissé, le gros chien noir..."Légende Donald erre dans la lande. Il se fige, le corps tendu, une patte avant levée, comme le font les chiens d’arrêt. Mais Donald n’est pas un chien de chasse. Il hume la brume épaisse comme pour se repérer dans les voiles vaporeux du petit matin. Les rares arbres dénudés dressent leurs branches spectrales mais le grand Groenendael les ignore. Le berger belge savoure ce moment de liberté. Il aurait pu rester encore un peu près de l’âtre, sur le vieux tapis effrangé qui lui est réservé lorsque ses protégées sont recluses dans la bergerie. Mais Donald est encore trop jeune pour se prélasser ainsi alors que la nuit s’achève. Quelques minutes plus tard, il trotte sur un affleurement granitique autour duquel trois pierres érigées se dressent, fantomatiques. La région sauvage est parsemée de nombreux monolithes mais Donald ne se soucie pas des étrangetés archéologiques. Il contourne un étang marécageux dont il sait si bien détourner les brebis imprudentes qui risqueraient de s’y enliser. Le chien trotte dans la lande à l’affut d’une nouveauté, d’une découverte. Donald est content car pour lui, ce monde n’a rien de triste, encore moins de sinistre… ce sont des notions humaines qu’il ignore totalement. Ce matin Donald pousse son escapade un peu plus loin que d’habitude, vers une vielle bâtisse des hommes : grande, massive, d’un gris sombre dans la grisaille éthérée du matin naissant. Il trottine sur les pavés d’une allée, renifle ce sol inconnu. Soudain un homme se dresse devant lui et le menace de sa canne. Se redressant subitement, le poil hérissé, le gros chien noir sent la malveillance de l’homme. Il retrousse les babines, montre les crocs et gronde sourdement. La canne tombe sur la pierre avec un petit bruit mat puis l’homme s’affaisse doucement, la main sur la poitrine. Donald voudrait observer la scène avec plus d’attention mais le « youyou » du berger lui parvient de loin, de plus loin qu’à l’habitude. Le chien se retourne vers l’appel et se met à galoper joyeusement vers son devoir, abandonnant derrière lui, sans une pensée, le manoir des Baskerville. Elisabeth D. 10/12/2018 ] | |
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