Les confitures

A insérer : lampion, douceur, avenant, heureux, béat, étrange, arriéré, futur
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La vie coulait douce et calme dans ce petit village.
Victor , petit garçon gentil et souriant était toujours prêts à aider. Il y avait quelque chose de dérangeant chez lui : son regard étrange, peut-être, ou ses membres courtauds ou sa tête trop ronde et trop lourde ? Il respirait pourtant la joie de vivre et était, somme toute, avenant et souriant.
Il aimait poursuivre avec un lampion les poules dans la cour qui s’enfuyaient affolées : il manquerait une fois de plus des œufs pour la future omelette du souper.
L’été, il aidait grand-maman Léontine à cueillir les groseilles dans le jardin. Coiffée de son vieux chapeau de paille qui la protégeait du soleil, lui donnant un air arriéré, comme hors du temps, elle avançait tranquillement et dans le jardin et dans sa vie.
Et puis, le cérémonial des confitures commençait : il fallait d’abord égrener toutes les petites grappes de fruits saignants et qui collaient sur les doigts et les mettre dans la grande bassine en cuivre que l’on avait ressorti du haut de l’armoire. Ajustant bien ses lunettes sur le bout de son nez, Grand-maman pesait méticuleusement, presque religieusement, le sucre, qu’elle laissait couler dans la bassine.
Ensuite, avec sa grande cuillère en bois, elle tournait doucement : le liquide chantait, s’épaississait, pour éclater en mille petites bulles translucides.
Quand l’alchimie avait pris, le cérémonial du remplissage des pots, avec ce nectar brulant et odorant, pouvait commencer.
Béat, Victor regardait les gouttes de sirop épais qui coulaient lentement le long du verre: il les récupérait du bout d’un doigt qu’il suçait ensuite avec délectation
La cuisine ensoleillée, parfumée par l’odeur des fruits et du sucre et, dehors, le chant des coqs et le gazouillis des oiseaux faisaient partie de la douceur de l’été et remplissaient les jours heureux de l’enfance de Victor.