Aurore, Grégoire et le rossignol
L'oiseau s'était arrêté de siffloter, fatigué par les élucubrations de Grégoire qui tentait de séduire la belle Aurore caracolant dans le manège sur « Franc-tireur », un magnifique Alezan breton.
Pour tenter de conquérir la blonde amazone le garçon débitait des flots de compliments d'une confondante platitude ce qui amusait notre jolie cavalière. Tout cela déplaisait fort au rossignol perché sur le pommier voisin. Ce petit chanteur à plumes, imbu de la beauté mélodieuse de ses trilles, ne supportait pas que ce livreur de pizzas au vocabulaire d’arrière -cuisine vienne roucouler des fadaises aux oreilles d’Aurore. L’oiseau était amoureux. L’oiseau était jaloux. L’oiseau était furieux. Alors le doux rossignol allait se venger de la traitresse qui osait rire des murmures enamourés de Grégoire.
En un clin d’œil et deux coups d’ailes, la boule de plumes rageuse fond en piquée planter griffes et bec acérés sur les naseaux du cheval qui se cabre, éjectant sa cavalière contre la barrière du manège où elle se casse la figure et le tibia.
Les cris de douleur de la jeune Aurore et la sirène de l’ambulance parvinrent à peine à couvrir les joyeuses trilles du rossignol qui venait de reprendre son concert aux oreilles de Grégoire le livreur de pizzas.
02/09/19