Vive le temps

Fic-song - Sur le thème de "vive le vent"


Sur le long chemin
Tout blanc de neige blanche
Un vieux monsieur s'avance avec sa canne dans la main
Et tout là-haut le vent
Qui siffle dans les branches
Lui souffle la romance qu'il chantait petit enfant

Oh! Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver!
Qui s'en va, sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts
Oh! Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d'hiver!
Boule de neige et jour de l'an et bonne année grand-mère
Joyeux, joyeux Noël
Aux mille de bougies
Qu'on chante vers le ciel le cloches de la nuit
Et dans chaque maison
Il flotte un air de fête
Partout la table est prête et l'on entend la même chanson
Oh! Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver!
Qui s'en va, sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts
Oh! Vive le temps, vive le temps…




Encore une tempête, la troisième en moins d’une semaine. « C’est sûr que la nature déraille » grommelle le vieil homme, une hache à la main.
Il va débiter un des grands sapins verts déraciné par les vents violents. Tout le long du chemin, il sifflote la romance que grand-mère aime tant, histoire de se donner du courage car la pente est raide.

Et il s’en va sifflant, soufflant. Et il s’en revient, trainant une grande branche de sapin. « On va faire la fête » murmure-t-il.
Il décore le sapin de Noël improvisé puis décide de mettre la table, une table de fête. Il s’énerve un peu car il ne trouve pas la nappe. « Mais où est passée grand-mère… jamais là quand on a besoin d’elle ». Il ouvre les tiroirs, claque les portes du buffet, dévalise le contenu du placard de cuisine. « La table est prête » se dit-t-il, content de lui. Puis il s’aperçoit qu’il fait froid  « je vais faire un bon feu dans la cheminée ». Il entasse des buches dans l’âtre, beaucoup de buches.  Il se cale dans son vieux fauteuil et attend. Son regard se perd, il attend.

Sur le chemin, tout blanc des fleurs blanches des cerisiers, la voisine arrive, la canne à la main. Comme tous les matins elle rend visite au vieil homme. Elle pousse la porte et reste effarée. Une branche de sapin est ornée de pinces à linge colorées, un rideau arraché recouvre la table où s’entassent des objets hétéroclites : assiettes et couverts en désordre, boite de conserve, boule à neige, pompe à vélo, bougies fondues… Et il fait chaud, très chaud : dans la cheminée quelques braises s’éternisent devant la paire de chaussons éculés qui attendent le Père Noël en cette fin de printemps.


Dans la maison maintenant plusieurs personnes discutent à voix basse. Des phrases se murmurent :
- « Son fils est mort depuis longtemps, sa femme aussi ».
- « ses petits enfants vivent à l’étranger, ils étaient fâchés »
Il est question de tutelle, de placement, d’ephad… mais pourquoi chuchoter ? Le vieil homme s’en moque bien maintenant car il n’entend que le vent qui souffle dans sa tête.

Vive le vent, vive le vent d’hiver.