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 A la manière d' HARLEQUIN

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vitoux




Messages : 12
Date d'inscription : 06/03/2019

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MessageSujet: A la manière d' HARLEQUIN   A la manière d' HARLEQUIN Icon_minitimeDim 28 Avr - 11:14

Collection HARLEQUIN

L’impossible amour

Accoudée à sa table de toilette , secouant son opulente chevelure aux reflets mordorés, Barbara se regardait pleurer devant son grand miroir serti de feuilles d’or. Le mascara se mêlait aux larmes en longues coulées noires qui s’étalaient sur le fond de teint bronzant de ses joues . Dans la glace elle ne voyait plus que le reflet vieillissant d’une femme meurtrie, un visage défait , marqué par la douleur et la haine, une femme humiliée recroquevillée dans une robe de chambre de soie brodée de fleurs multicolores dont l’éclat jurait avec l’atroce réalité .
« -Trahie, je suis trahie ! » murmura- t- elle dans un long sanglot en tentant d’essuyer avec un mouchoir en dentelle du Puy, ses yeux d’azur trempés de chagrin.
La preuve de la trahison gisait par terre : C’était un papier froissé par la colère de Barbara, où l’on pouvait lire ces mots griffonnés à la hâte : «Josiane, mon amour je n’en peux plus, je veux m’enivrer du parfum épicé de ta peau ; tu me manques. Je te veux ce soir » c’était signé E.C.

Emmanuel Cramon, c’était lui, partageait la vie de Barbara depuis 10 ans. Dix années de bonheur éclatant, largement commenté, richement illustré au long de cette merveilleuse décennie , dans la presse du cœur, gourmande de romances féériques.

Barbara Souzix, fille d’un riche armateur italo-pakistanais et d’une cartomancienne bulgare, était la veuve d’un haut fonctionnaire de l’ONU. Installée en Suisse, cette plantureuse professeure de maintien à l’académie internationale du Savoir Vivre de Lausanne, creuset de la jet set européenne, avait fait la connaissance du jeune Emmanuel à l’occasion du bal annuel de l’institution, organisé au profit des orphelines vertueuses du Valais. Une valse langoureuse avait eu raison du cœur de Barbara, de 18 ans son ainé. Emmanuel, quant à lui, ne put résister au charme sensuel et envoutant de cette belle quadragénaire au parfum capiteux. Elle lui appris aussitôt les bonnes manières et l’amour . Il lui donna en retour sans compter, toute l’ ardeur juvénile d’un jeune étalon fougueux !

Emmanuel, né de père inconnu et d’une mère aveugle et prostituée, passa son enfance dans un foyer de la DDASS où il développa un goût, autant remarquable qu’ inhabituel, pour les études et les éducatrices. A 20 Ans il se retrouvait polytechnicien, à 25 Président -Directeur général pour la Suisse et l’Europe de l’Est d’une marque allemande de voitures de prestige et à 26 il tombait dans les bras de Barbara. Cette réussite fulgurante suscitait l’admiration générale tout autant que son aisance à discourir de tout. Le couple affichait avec éclat son harmonieux bonheur et Barbara, dont la pulpeuse maturité débordait de dévorante sensualité, rayonnait d’une joie de vivre qui occasionnait bien des jalousies dans son entourage. Les voyages en jet privé , les suites au Hilton, les croisières, les cocktails , les rencontres avec les grands du monde industriel et politique, voilà ce que fut le quotidien de ce couple adulé, admiré, envié, jalousé. Durant ces années leur amour résista aux assauts malveillants d’une presse prompte à inventer des ragots de caniveau.
C’est lors d’une croisière aux Caraïbes, qu’Emmanuel et Barbara se marièrent sur un yacht prêté par l’émir du Koweit, devant 950 invités. Au cours de leur nuit de noce, Barbara prit un bain de champagne dans une baignoire en argent massif. Après quoi l’équipage fut invité à venir déguster le précieux nectar, un Dom Pérignon de 1953, année de naissance de la mariée . C’est cette grande simplicité qui fut le ciment de leur idylle durant ces dix années.

Mais ce soir tout s’écroulait dans la noirceur tragique autour de Barbara, pour ne laisser qu’un immense champ de ruine. Cramon la trompait. Lui, le beau gosse à qui elle avait tout appris ; lui, le gamin de la DDASS, à qui elle avait apporté sa fortune et son expérience amoureuse, se vautrait dans le stupre et la fornication avec une gamine écervelée rencontrée au salon de l’auto à Genève. Les sanglots de Barbara redoublèrent d’intensité. Elle se leva pour aller s’écrouler, rageuse, sur le lit qui avait abrité tant d’ébats amoureux .Elle décida de se venger…

Du haut de son mètre 78, Josiane Tygnac arborait ses 20 ans avec une arrogante assurance acquise chez les sœurs du couvent des oiseaux de Basse Terre où elle reçut une éducation chrétienne et de bonnes paires de claques . Cette superbe métisse aux grands yeux noirs, à la chevelure d’ébène bouclée, avait été élue Miss Guadeloupe à 18 ans . Son port altier, la cambrure de ses reins, la rondeur conquérante de sa poitrine et son sourire enjôleur et gourmand avaient emporté l’unanimité du jury. A peine munie de son diplôme d’hôtesse d’accueil, obtenu grâce au jeune Sous-Préfet de Pointe à Pitre , qu’elle avait séduit pendant une irruption de la Soufrière, Josiane avait sauté dans le 1er avion pour Genève, avant de rejoindre Paris où l’attendait sa sœur danseuse au Crazy Horse Saloon.
Grace à la lettre de recommandation du Sous-Préfet, notre beauté antillaise fut derechef recrutée par l’agence MABEL chargée d’assurer l’accueil des personnalités et la présentation des nouveaux modèles d’automobiles au salon de l’auto helvétique. C’est là, devant la superbe carrosserie jaune safran d’un coupé allemand, turbo compressé, que le Président Emmanuel Cramon vit Josiane, éblouissante dans un sari rouge sang qui donnait un éclat cuivré à sa peau brune.
Elle lui ouvrit la portière, il lui ouvrit son cœur. Elle lui ouvrit son lit, il lui ouvrit son portefeuille. Mais en même temps, sans le savoir, les jeunes amants venaient d’ouvrir aussi les portes de l’enfer où Barbara allait les précipiter .

Mars 2019






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