UN DRAME

Aèroplane- panique- furtivement- abreuvoir- panier- écrouler- prison- affectueux- moulin -écraser
UNE CATASTROPHE AERIENNE

C’était un matin de printemps 1918, calme et ensoleillé. La ferme des Michaux était loin du front . De temps à autre une oreille exercée pouvait distinguer à des kilomètres de là, les bruits sourds du canon de 75 qui « asticotait les boches », comme on disait chez la mère Germaine au café des Amis.
Mais dans ce village lorrain, seule l’absence des hommes rappelait que le pays était en guerre. Ce jeudi 7 avril, Valentin s’était sorti du lit de bonne heure pour conduire la vache Zoé à l’abreuvoir communal avant l’arrivée du troupeau du grand Basile, un gars buté , gai comme une porte de prison, volontiers bagarreur et qui lui cherchait noise. Pour ses 10 ans sonnés Valentin, bien que courageux et travailleur, préférait lui, consacrer ses journées sans école à la construction de modèle réduits en basalte qui faisaient l’admiration de sa cousine Joséphine de 3 ans son ainé. Celle-ci, pour le remercier du petit voilier qu’il lui avait offert pour ses 12 ans , lui avait furtivement déposé sur la joue, un affectueux baiser sous le regard furibond du grand Basile .
Ce jeudi, donc, Valentin avait donné rendez vous à sa cousine au moulin des Roches pour tenter de faire voler l’aéroplane qu’il venait de réaliser. Un modèle bi-plan d’observation comme ceux qui volaient au dessus des lignes ennemies. Pour fêter l’évènement Joséphine avait apporté dans un panier d’osier tout ce qui convenait à un goûter de fête .
Tandis que Joséphine étalait sur l’herbe une serviette à damier pour y disposer gâteaux et confitures, Valentin s’était introduit à l’intérieur de moulin et grimpait 4 à 4 l’escalier en colimaçon. De la fenêtre située au dessus des ailes, qui ne tournaient plus depuis le départ du meunier pour le front de l’Est, on avait un vue magnifique sur les prairies de la commune où Zoé était entrain de paitre.
Le garçon ouvrit la fenêtre . « Ohé Joséphine… regarde »
Le bi plan venait de prendre son vol, magnifique oiseau de bois planant au gré des courants sous le regard émerveillé des deux enfants. C’était un triomphe ! Valentin rivalisait avec les aviateurs dont il lisait les exploits dans l’Illustration. Il se prenait pour Roland Garros ; Une vocation était née.

Soudain, un sifflement bref…un claquement sec… La fronde du grand Basile vient de toucher le bi plan qui tombe en vrille et vient s’écraser au milieu des tartines créant la panique parmi les guêpes et les fourmis. Le rêve de l’apprenti héros s’est écroulé dans la confiture de fraises et les baisers consolateurs de la belle Joséphine ne suffiront pas à calmer le chagrin du petit pilote d’essais

29/8/18