La jeune femme poussa la porte vitrée qui se referma dans un souffle derrière elle comme pour la pousser vers l’intérieur. Elle réalisa qu’elle était en apnée avant d’avaler sa salive et d’inspirer un grand coup. Elle pénétrait dans le saint des saints, le lieu où l’erreur était absolument proscrite. Elle se redressa et décida de prendre une allure assurée avant de pousser la seconde porte du sas.
Une femme en blanc assise dans une pièce adjacente au couloir la regarda brièvement tant il était clair que la nouvelle arrivée était une élève : la blouse vichy, blanc et marron avec son petit col-claudine et la coiffe qui ne laissait dépasser qu’une frange rousse, ne laissaient aucun doute. Les présentations furent vite faites et la « troisième année » fut confiée à une aide-instrumentiste qui préparait une salle.
La stagiaire ne posait pas de questions car le flot des explications et surtout des recommandations la submergeaient. Elle tentait de suivre les explications concernant les tableaux de commandes des scialytiques encastrés dans le plafond et les multiples positionnements de la table centrale. Pendant les courts silences, elle percevait le souffle léger de la ventilation, comme si celle-ci lui apportait un oxygène indispensable à sa survie.
Mal à l’aise mais concentrée, la jeune femme suivait attentivement son guide qui ouvrait des dizaines de tiroirs remplis de dizaines de références de matériels, renouvelables ou à usage unique.
« Au moment de l’intervention, il ne doit absolument rien manquer et tout doit être absolument à sa place, accessible en 5 secondes. Inutile de vous dire que tout doit être fait dans des conditions d’asepsie absolue… vous en avez l’habitude ! »
L’élève embrassa du regard la vaste salle, la table d’opération, les rayonnages vitrés, les dizaines de tiroirs numérotés comme s’il s’agissait de félins à dompter.
« Vous me regarderez servir l’instrumentiste pendant deux jours puis ensuite vous me remplacerez car je pars en vacances !
Atterrée, la stagiaire se figea sur place : elle qui ne parvenait déjà pas à maintenir l’ordre dans sa chambre de bonne de 7 m2 !
« Allons voir la salle de stérilisation… ».
L’élève sourit faiblement, suivit son mentor, l’air abattu et le pas nettement moins assuré qu’à son arrivée... « un mois à tenir, un tout petit mois » se répétait-elle.