Une ballade en montgolfière

La météo est enfin au rendez-vous par ce beau matin de juillet, au lever du jour. La robe du ballon, mollement étalée sur le sol dans la rosée du petit matin, frémit, oscille, se gonfle dans la brise grâce au propane liquide qu’on lui injecte. Il est temps de prendre place dans la nacelle, retenue à terre le temps de l’embarquement.
Les amarres enlevées, l’ascension commence : nous nous élevons lentement et majestueusement. Nous dérivons en prenant de l’altitude au gré du souffle du vent d’est qui nous emporte. Aucun signe de panique dans ce grand panier en osier qui nous tient suspendu dans les airs, mais quand même quelques tremblements de Sophie qui ne semble guère rassurée. Sentant son anxiété, notre instructeur lui entoure furtivement les épaules d’un geste affectueux et réconfortant.
La montgolfière, nous explique-t-il, est un dérivé des aéroplanes, et a été découvert dans les années 1785. Elle fonctionnait alors à l’hélium mais pouvait devenir une prison pour ses occupants lors de vents violents. En cas de mauvaise utilisation, sa voile s’enroulait en torche et s’enflammait très rapidement, précipitant le ballon à terre.
Elle fut remise au gout du jour dans la première partie du siècle dernier grâce à la découverte du nylon pour la confection du ballon et l’utilisation du propane liquide au lieu de l’hélium pour le moyen de propulsion. Elle se sert du principe d’Archimède pour s’élever, l’action de la chaleur faisant dilater l’air et lui permettant de s’envoler.
Le soleil qui pointait à l’horizon rougeoie soudainement et embrase le ciel : tout est calme, repos, sérénité. Nous continuons notre ballade matinale et dérivons dans la campagne angevine, survolant tantôt un petit bois, tantôt une grande prairie où des chevaux se désaltèrent devant un abreuvoir. Des formes s’agitent au sol mais sont d’abord difficiles à identifier à 1 000m d’altitude : sont-ce des moutons ? Non surement des vaches qui broutent tranquillement, puis des champs cultivés de maïs ou de blé, une vieille grange à demi écroulée et un petit village où pointe le clocher de l’église.
Le bruleur crache soudain une longue flamme dans un grondement sourd : notre habitacle se soulève et s’élève pour franchir une colline surplombe d’un fier moulin à vent qui tourne allègrement, toutes ailes déployées.
La ballade touche à sa fin : il faut maintenant se préparer à se poser. A défaut d’un champ labouré, notre conducteur opte pour un pré, réduit et arrête l’alimentation en air chaud du ballon qui doucement, descend ; sa nacelle frôle le sol, rebondit et après quelques soubresauts qui nous projettent les uns sur les autres et nous écrasent à l’intérieur du panier, il se pose majestueusement, parée de sa corolle multicolore.
Dans un grand éclat de rire, nous sortons de notre cage et émergeons dans l’herbe fraîche, ravis et les yeux pleins de rêves : ce fut une promenade magique dans les airs.



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